lundi 27 octobre 2014

Jocelyn 1922

Jocelyn (Armand Tailler) et Laurence (Laurence Myrga)
Un film de Léon Poirier avec Pierre Blanchar, Armand Tailler, Laurence Myrga, Suzanne Bianchetti et Roger Karl

Le poète Lamartine (P. Blanchar) découvre le manuscrit des mémoires de Jocelyn (A. Tailler) près de son lit de mort. Il y découvre sa vie. Jocelyn a rejoint le séminaire pour permettre à sa soeur (S. Bianchetti) de se marier. Durant la Révolution, le jeune séminariste doit fuir et se cacher dans les Alpes pour échapper aux persécutions. Un jour, il sauve un jeune homme (L. Myrga) lui aussi recherché. Il n'a pas réalisé que Laurence est en fait une femme...

Lamartine (P. Blanchar) découvre le
manuscrit des mémoires de Jocelyn
Léon Poirier était certainement un amoureux de Lamartine. Après avoir réalisé Jocelyn, il s'est attelé à Geneviève (1923) avec à nouveau Pierre Blanchar dans le rôle du poète. Au sein de la Gaumont de l'après-guerre, Poirier produisait les films de prestige tout comme son collègue Marcel L'Herbier pendant que le "cinéma commercial" était réservé à Feuillade qui continuait à faire ses sérials. Si L'Herbier était un innovateur dans la structure narrative et visuelle de ses films, Poirier lui est un artisan quelque peu académique. Pourtant, le poème de Lamartine est riche en possibilités dramatiques, des potentialités que Poirier ne réalise pas totalement à l'écran. Il se contente d'illustrer assez platement le poème de Lamartine en utilisant les décors somptueux des Alpes françaises. En regardant le film, on réalise rapidement à quel point le cinéma suédois a influencé les français. La vie des deux proscrits, Jocelyn et Laurence, réfugiés dans les montagnes rappelle fortement celle des Proscrits (Berg Ejvind och hans hustru, 1918) de Victor Sjöström. Malheureusement, Léon Poirier est incapable de dépasser son sujet et de faire vivre intérieurement ses personnages comme le faisait Sjöström. Il ne tourne que de courtes scènes connectées entre elles par des intertitres citant verbatim le poème de Lamartine. Ses paysages manquent de lyrisme et on n'est pas touché émotionnellement par la destinée de ses héros comme on l'était dans le chef d'oeuvre suédois. Pourtant, l'histoire tragique des amants de Lamartine portait en elle de quoi produire un chef d'oeuvre. Jocelyn sacrifie sa vie pour le bonheur de sa soeur, puis il va sacrifier celle qu'il aime pour sauver l'âme de son ancien évêque (R. Karl) voué à la guillotine révolutionnaire. Cette succession de sacrifices ne lui apporte que la solitude et les regrets. Ses regrets sont encore avivés lorsqu'il découvre que sa bien-aimée Laurence (L. Myrga), qu'il a lâchement abandonnée, est devenue une "Merveilleuse" entretenue par des hommes riches. A aucun moment, Poirier ne réussit à transcender son sujet. Il reste dans l'illustration sans profondeur psychologique. Cependant, Jocelyn fait partie des meileurs films de ce réalisateur sans génie. Un film intéressant.

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